Bonjour à tous et à toutes,
Je vais vous faire une confidence. Mais avant toutes choses, je tiens à préciser que j’exprime ici mon propre point de vue et qu’il se veut complètement indépendant de celui de la vénérable institution pour laquelle je travaille !
Confidence pour confidence : j’ai toujours détesté Moodle. Entre usine à gaz et vestige techno-paléolithique, je n’ai jamais réussi à accrocher à cette plateforme d’apprentissage. Pour quelles raisons ? Sa lourdeur, son ergonomie peu enviable, sa difficulté de prise en main (tant côté utilisateurs·rices que concepteur·rices). Un des rares points forts que je lui accordais, c’est son format open source.
Mais ça, c’était jusqu’à la semaine passée. En effet, l’équipe Moodle du service informatique de l’UCLouvain vient récemment de migrer à Moodle 4. Et franchement, ça change tout : une interface repensée de fond en comble, des menus plus intuitifs, une belle évolution des blocs de navigation, une mise en forme plus claire et esthétique des sections et sous-sections, etc. Bref, vous l’aurez compris, après avoir été réfractaire à ce LMS pendant des années, je suis devenu fan ! Un grand bravo aux équipes de Moodle pour leur travail ainsi qu’aux personnes de l’UCLouvain qui ont travaillé d’arrache-pied pour que la mise à jour soit prête et opérationnelle pour cette rentrée académique.
En espérant à présent pouvoir convaincre autant d’équipes enseignantes que possible d’utiliser Moodle pour concevoir de réelles expériences d’apprentissage hybride ou à distance (et pas seulement pour s’en servir comme répertoire à fichiers PDF).
Sur ce, j’espère que cette édition comblera vos attentes. Je vous en souhaite une excellente lecture, et vous dis à très bientôt.
David.
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Comment favoriser les apprentissages de manière durable ? Cette question représente l’un des Saint-Graals de la pédagogie.
Parmi les stratégies qui fonctionnent le mieux, on connait déjà les avantages et les bénéfices de la pratique de récupération sur la rétention, le transfert et la métacognition. Ainsi, dans des configurations d’enseignement ou d’apprentissage, on observe que le fait de se tester après un enseignement ou une session d’étude (post-test) permet de consolider la matière en mémoire à long terme, d’améliorer les connexions entre plusieurs concepts et d’enrichir ainsi nos schémas mentaux.
Mais si les post-tests sont si efficaces en terme d’apprentissage, qu’en est-il des pré-tests ? Autrement dit, plutôt que de se tester après le cours ou la formation, que se passerait-il si on se testait avant même d’avoir eu l’occasion de découvrir la matière ?
Un étude récente s’est penchée sur cette question. Menée auprès de 244 étudiantes et étudiants universitaires sur une période de dix semaines, cette recherche a exploré l'efficacité des pré-tests dans le cadre d’un cours de méthodologie. Les sujets ont été soumis à des pré-tests sous forme de choix multiples concernant des sujets qui allaient être abordés durant les cours. Ces pré-tests étaient administrés juste avant les sessions correspondantes. L’équipe enseignante n'avait donc aucune connaissance des résultats aux pré-tests, ceci afin de limiter les risques d’influencer le déroulement des cours en insistant sur des éléments de matière en particulier.
N.B. On envisage bien ici les pré-tests comme des évaluations administrées avant d’avoir fait l’objet d’une exposition au matériel d'apprentissage. Contrairement aux post-tests – administrés après avoir suivi un cours ou étudié un sujet – les pré-tests évaluent des connaissances ou des compétences non encore acquises.
Quels résultats a-t-on observé à la fin du semestre ? Lors de l’examen final, on a constaté que les sujets ayant complété les pré-tests obtenaient de meilleurs résultats que les sujets d’un groupe contrôle. Ils parviennent également à mieux répondre à des questions concernant des informations connexes non pré-testées.
Il semblerait ainsi que les pré-tests permettent effectivement de mieux favoriser l’apprentissage el le transfert de ceux-ci dans des situations similaires (mais non identiques). En d'autres termes – et dans le cadre de cette étude – les pré-tests ont renforcé la capacité des sujets à apprendre et à retenir de nouvelles informations, même celles qui n'avaient pas été directement testées.
Quels sont les mécanismes à l’oeuvre derrière les pré-tests ? À quels éléments doivent-ils leur efficacité ? Deux mécanismes permettraient d’expliquer ces résultats :
L’amélioration des processus attentionnels. Il semble que les pré-tests permettent un encodage meilleur et plus profond du matériel d’apprentissage une fois celui-ci présenté lors d’une leçon ultérieure. Nous manifesterions une attention plus soutenue à la présentation de celui-ci.
Les compétences d’autorégulation des personnes apprenantes. Le fait de reconnaître des parties de la matière ayant fait l’objet de questions au pré-test permet aux personnes apprenantes de mieux retenir celles-ci. En dehors de la classe, elles peuvent ainsi organiser leur étude et réguler leurs apprentissages en conséquence.
Sur base de ces éléments, quelles recommandations formuler ? Dans le cadre d’un enseignement ou d’une formation, proposez des activités de pré-communication (jeu, quiz, test d’auto-positionnement, etc.) pour permettre aux personnes apprenantes de déjà se familiariser avec le vocabulaire et les compétences qu’elles devront développer.
Enfin, en tant que personne apprenante, si le cours ou la formation que vous suivez ne propose aucune forme de pré-test, prenez les devants : renseignez-vous un minimum sur le sujet et les concepts qui seront abordés (articles de blog, vidéos, podcasts, etc.). N’hésitez pas également à solliciter les titulaires de votre cours ou de votre formation pour pouvoir bénéficier de ressources qui vous permettront de vous échauffer.
Référence bibliographique :
Soderstrom, N.C., & Bjork, E.L. (2023). Pretesting enhances learning in the classroom. Educational Psychology Review, 35, 88. DOI: 10.1007/s10648-023-09805-6
Trop d’érudits considèrent les recherches comme une activité purement cérébrale. Si nous ne faisons rien du savoir que nous acquérons, alors nous avons gaspillé nos études. Les livres sont capables d’emmagasiner les informations bien mieux que nous – ce que nous faisons et dont les livres sont incapables, c’est d’interpréter. Donc, si l’on ne compte pas tirer de conclusions, autant se contenter de laisser les informations dans les textes.
– Brandon Sanderson, extrait du roman “La Voie des Rois (vol. 1)”.
🧑💻 Outils • Top 100 Tools for Learning 2023
Comme chaque année, ce site web répertorie les 100 outils les plus utilisés en contexte éducatif et d’apprentissage. Pas de bouleversement majeur, si ce n’est l’apparition brusque – mais pas si inopinée que ça – de ChatGPT, directement en quatrième position. Un décollage en fanfare de l’intelligence artificielle, donc, pour cette année. Parmi les autres nouveaux outils qui émergent pour la première fois dans le classement, on trouve aussi… Notion. Curieux de voir combien de place il prendra d’ici à l’année prochaine !
✉️ Newsletter • Daily Productivity
Lancée il y a quelques semaines par Ali Abdaal, cette newsletter vous propose chaque jour un conseil pour développer votre productivité et votre efficacité personnelle. Jusqu’à présent, rien de révolutionnaire ou d’innovant sous le soleil (comparé à ce que j’ai pu découvrir via d’autres sources). Vous y apprendrez ainsi, entre autres, les bienfaits du time blocking, du batching, du daily highlight, etc. Un excellent et sympathique rappel quotidien de plusieurs pratiques intéressantes à tester et à implémenter dans son processus de travail.
📝 Article • Enfants et écrans : les effets sont faibles et difficiles à détecter
Les effets de l'exposition des enfants aux écrans sont difficiles à mesurer. D’après Franck Ramus, les discours alarmistes sur le sujet ne permettent pas de tirer des conclusions fiables. Les corrélations négatives entre l'exposition aux écrans et les capacités cognitives des enfants sont faibles et dépendent de l'âge et des mesures cognitives. Les résultats mettent en évidence l'importance de se concentrer davantage sur les autres activités de l'enfant plutôt que sur les écrans eux-mêmes (notamment les niveaux d’interactions sociales et verbales, l’activité physique et le sommeil).
🎵 Ambient Worlds • Une chaine YouTube dédiée aux ambiances sonores et musicales issues de plusieurs univers fantastiques. Avis aux amateurs et amatrices d’un moment de détente en fin de journée (je me suis personnellement endormi à l’écoute de la vidéo Lothlórien).
🕳️ Inside a Black Hole • Janna Levin – professeure de physique et d’astronomie – nous entraine dans les méandres des trous noirs et de ce qui pourrait arriver si, par malheur, nous nous en approchions d’un peu trop près.
🔭 Dans l’inconnu : La machine à remonter le temps • Un excellent documentaire qui retrace les étapes de la conception du télescope spatial James Webb jusqu’à son lancement et les premières images incroyables qu’il nous a déjà renvoyées.