Quel rôle la régulation des émotions joue-t-elle dans le bien-être des jeunes adultes ?
Évidences #44
Bonjour à toutes et à tous,
Je vous avoue avoir parfois du mal à garder espoir en l'avenir, tant les défis environnementaux et sociétaux sont nombreux. Il m'arrive, comme vous peut-être, de douter et de baisser les bras.
Fort heureusement, des initiatives récentes comme la mobilisation contre la loi Duplomb me redonnent une lueur d'optimisme. Tout n'est pas perdu, et des individus comme vous et moi parviennent encore à se mobiliser pour dénoncer des aberrations et amorcer un changement.
Ce sont ces initiatives qui m'aident à tenir bon et à croire que chacune et chacun, à sa manière et selon ses moyens et compétences, peut contribuer à avoir un impact positif sur le monde.
Si vous êtes de nationalité française, que vous estimez cette cause juste et que vous disposez de 60 secondes, je vous invite à signer la pétition qui, semble-t-il, bat des records. Étant citoyen belge, je n'ai malheureusement pas la possibilité de signer (identification nécessaire via FranceConnect). Mais si j'étais français, je le ferais sans hésiter !
Sur ce, je vous souhaite une excellente lecture et vous donne rendez-vous dans deux semaines.
À bientôt,
David.
De 18 à 29 ans, les jeunes adultes traversent une étape de transition significative. Entre quête d'identité, instabilité et contraintes académiques ou sociales, les jeunes adultes sont confrontés à des enjeux qui peuvent affecter leur bien-être psychologique. Cependant, bien que cette phase puisse être caractérisée par une sensibilité accrue au stress et à l'anxiété, elle peut également offrir une opportunité de développement personnel et d'épanouissement.
Face à ce constat, une équipe de recherche de l'Université de Valence a cherché à comprendre les mécanismes à l’œuvre durant cette période. Menée auprès de 771 étudiantes et étudiants universitaires – un public particulièrement concerné par ces enjeux –, leur étude s'est penchée sur le lien entre les stratégies de régulation des émotions et le bien-être psychologique, en examinant le rôle central joué par deux ressources personnelles : l’estime de soi et l’optimisme.
La recherche met en lumière des liens entre nos stratégies de régulation émotionnelle et notre bien-être psychologique. Toutes ces stratégies ne se valant pas, l'étude distingue deux grandes catégories :
Les stratégies fonctionnelles, comme la planification (anticiper et envisager des solutions à un problème) et la réévaluation cognitive (considérer une situation difficile sous un angle plus favorable), sont fortement associées au bien-être psychologique. Elles favorisent un sentiment de maîtrise sur son environnement, l'acceptation de soi et la capacité à trouver un sens à sa vie.
Les stratégies dysfonctionnelles, dont la plus néfaste est la catastrophisation (tendance à amplifier la gravité d'un événement), sont liées à un bien-être psychologique moindre.
Mais le résultat le plus important de l'étude ne réside pas dans cette simple corrélation : il met en évidence le rôle de médiateur de l'estime de soi et de l'optimisme. En effet, ces deux traits semblent agir comme des catalyseurs, amplifiant ou atténuant l'effet des stratégies de régulation émotionnelle.
Concrètement, une personne qui planifie ses actions se sent davantage compétente (augmentation de l'estime de soi) et plus confiante en l'avenir (augmentation de l'optimisme), ce qui, en retour, renforce son sentiment de bien-être psychologique.
Au contraire, le fait de penser de manière catastrophique mine la confiance en sa propre valeur et instaure une perspective pessimiste de l’avenir, ce qui nuit à l'acceptation de soi et à la capacité d’influencer son environnement.
Ces résultats fournissent des orientations et des suggestions d'intervention pour les établissements d’enseignement supérieur et les professionnel·les de santé mentale :
Renforcer l'estime de soi et l'optimisme. Consolider ces ressources pourrait aider les individus à adopter des stratégies de régulation émotionnelle efficaces, à construire une image de soi positive et résiliente, et à cultiver une vision confiante en l'avenir.
Promouvoir la planification et la réévaluation cognitive. Encourager les individus à planifier leurs projets et à réinterpréter leurs échecs comme des opportunités d'apprentissage constitue une approche bénéfique pour leur bien-être et leur sentiment de contrôle.
Le bien-être psychologique n'est pas une simple absence de problèmes. Il s’agit d’un processus de développement actif. Pour les jeunes adultes qui construisent leur identité – et donc notamment le public étudiant –, cultiver l'estime de soi et l'optimisme pourrait constituer un levier leur permettant de transformer les défis en opportunités pour une vie pleine de sens.
N.B. L’étude se base sur des mesures auto-rapportées, donc potentiellement sujettes à des biais (tels que la désirabilité sociale). De plus, elle est de nature corrélationnelle (ce qui limite les généralisations et les inférences causales).
Référence bibliographique :
Sanchez-Sanchez, H., Schoeps, K., & Montoya-Castilla, I. (2025). Emotion regulation strategies and psychological well-being in emerging adulthood: Mediating role of optimism and self-esteem in a university student sample. Behavioral Sciences, 15(7), 929. DOI: 10.3390/bs15070929
We design as if learning is purely cognitive when research clearly shows emotional state directly impacts cognitive capacity.
– Philippa Hardman, extrait de l’article “Your Learners are Using AI to Redesign Your Courses” publié le 05/06/2025.
📖 Livre • Faire collaborer la population étudiante dans sa diversité
Petit dernier des éditions Épistémé, cet ouvrage collectif dirigé par Emmanuel Sylvestre (UNIL) et Christelle Lison (Université de Sherbrooke) s'attaque au défi du travail collaboratif dans l'enseignement supérieur. Partant du constat que la simple mise en groupe ne suffit pas à générer une collaboration fructueuse – surtout face à la diversité croissante des profils étudiants –, ce livre allie fondements théoriques et stratégies pratiques pour contribuer à aider le personnel enseignant et les conseiller·ères pédagogiques à créer des environnements d'apprentissage inclusifs où la collaboration devient un véritable levier de réussite pour le public étudiant. Coup de cœur et mention spéciale au chapitre de Sandrine Decamps sur la collaboration à distance, et celui de Cécile Mathou consacré à l’apprentissage collaboratif international en ligne.
N.B. L’ouvrage est disponible en Open Access et téléchargeable gratuitement en version numérique.
🎧 Podcast • Little Bits of Happiness
Dans cet épisode du podcast “Choiceology”, Katy Milkman explore comment la manière de regrouper ou de séparer les événements de la vie – qu'ils soient heureux ou malheureux – peut influencer notre niveau de bonheur. À travers l'histoire de Sally Millington, une britannique qui s'est lancé le défi d'essayer 52 nouvelles choses en un an, l'épisode illustre les bienfaits d'étaler les expériences agréables au fil du temps plutôt que de les concentrer uniquement sur une période restreinte (comme les congés, par exemple). L'épisode examine également la science derrière la comptabilité mentale et l’édition hédonique, processus psychologiques par lesquels nous organisons, interprètons et nous représentons des événements positifs et négatifs afin de maximiser notre bien-être subjectif.
📝 Article • Against “Brain Damage”
Dans cet article, Ethan Mollick s'oppose à l'idée selon laquelle l'utilisation des outils d'intelligence artificielle générative nous pousserait à la paresse ou nous diminuerait d’un point de vue intellectuel. Il soutient que cette crainte n'est pas nouvelle, rappelant que plusieurs innovations technologiques antérieures (telles que la calculatrice, le GPS ou Internet) ont suscité des peurs similaires quant à l'atrophie de l’intelligence et des compétences humaines. Plutôt que de remplacer la pensée humaine, l'IA agirait, selon lui, comme un cerveau externe qui, lorsqu'il est bien utilisé, augmenterait nos capacités en nous permettant de nous concentrer sur la réflexion, la créativité et le jugement.
👷♀️ Silo • Un excellent roman de SF post-apocalyptique qui raconte la survie des derniers être humains dans un gigantesque silo souterrain les protégeant d'un monde extérieur toxique. Claustrophobes s’abstenir !
🧸 Paddington au Pérou • Le plus célèbre des ours britanniques retourne dans son pays natal pour une aventure au cœur de la jungle amazonienne. Personnellement je préfère Paddington dans une ambiance londonienne, mais ça reste un chouette divertissement.
🤠 Les Aventures de Tom Sawyer • Les péripéties d'un jeune garçon malicieux dans une petite ville des bords du Mississippi au XIXe siècle. Loin d’une nouveauté, mais je n’avais encore jamais lu ce classique. Excellente lecture d’été, j’ai adoré !