En quoi la motivation et la rétroaction influencent-elles l’apprentissage avec des cartes conceptuelles ?
Évidences #50
Bonjour à toutes et à tous,
Bienvenue dans cette… cinquantième édition ? 😮
C’est en la préparant ce week-end que je me suis aperçu que ce cap symbolique serait franchi. J’y avais pourtant pensé il y a quelques semaines, me disant que ce serait une sympathique occasion de marquer le coup. Force est de constater que ça m’est complètement passé en dessous du radar !
Le moins qu’on puisse dire c’est que les dernières semaines – et particulièrement les deux dernières – n’ont pas été de tout repos. Si ma nouvelle prise de fonction se passe dans de bonnes conditions, je prends le train en marche à toute allure, sans beaucoup de répit, et avec déjà de premières échéances serrées.
De plus, sans ambition ni nécessité de devenir « expert » en promotion de la santé, je m’immerge dans ce champ de pratique en découvrant ses fondements presque depuis zéro. Ce qui est à la fois enrichissant et extrêmement chronophage, vu le planning fixé pour la conception du certificat de formation continue que j’ai pour mission de piloter.
Les effets de ce marathon calendaire transparaîtront malheureusement dans cette édition. Si je suis arrivé à rester à jour en matière de veille scientifique, cela fait plus de dix jours que je n’ai pas ouvert Readwise, YouTube ou mon application de podcasts (j’anticipe déjà la session de rattrapage qui m’attend… ou pas 😱 #FOMO). Je n’aurai donc pas cette fois-ci de ressource ou d’outil à vous partager.
Je vous laisse à vos découvertes, avec une édition un peu moins complète que d’habitude, et je vous retrouve d’ici quinze jours… en espérant d’avoir le temps d’envisager une manière de marquer le coup des 50 !
À bientôt,
David.
Les cartes conceptuelles sont des outils pédagogiques reconnus pour organiser les connaissances et établir des liens entre les idées. La rétroaction est également considérée comme un levier indispensable pour corriger les erreurs et approfondir la compréhension. Mais que se passe-t-il lorsqu’on combine les deux ? Et le moment où cette rétroaction est donnée – immédiatement pendant la tâche ou seulement à la fin – change-t-il vraiment la donne ?
Une étude récente s’est penchée sur ces questions dans un contexte universitaire réel. L’équipe de recherche a mené une expérience auprès de 316 étudiantes et étudiants dans un cours d’introduction à la chimie. Ils et elles ont été invités à réaliser une activité sur les concepts moléculaires en utilisant une carte conceptuelle.
Deux éléments méthodologiques à noter : les sujets ont été aléatoirement assignés à l’une des trois conditions de rétroaction : rétroaction explicative immédiate (donnée pendant la tâche), rétroaction différée (donnée à la fin de la tâche), ou aucune rétroaction. Ils ont également été catégorisés selon leur expérience préalable avec les cartes conceptuelles (avec ou sans expérience).
Deux résultats d’apprentissage distincts ont été mesurés : la rétention (capacité à se souvenir des informations, mesurée par des questions à choix multiples) et le transfert (capacité à appliquer les connaissances à de nouveaux problèmes, mesurée par des questions ouvertes).
Les résultats révèlent une divergence entre ce qui influence la rétention et le transfert :
Concernant la rétention, l’expérience préalable prime sur la rétroaction. L’étude montre que le moment de la rétroaction – qu’elle soit immédiate ou différée – n’a aucun impact significatif sur les scores de rétention. En revanche, l’expérience préalable avec les cartes conceptuelles a joué un rôle majeur : les personnes ayant déjà utilisé cet outil ont significativement mieux réussi le test de rétention que les novices. Une analyse plus poussée révèle que le prédicteur le plus puissant de la rétention est la qualité de la carte conceptuelle produite. L’effet de la motivation intrinsèque (le plaisir pris à la tâche) était également présent, mais il s’explique principalement par le fait que les personnes motivées ont produit des cartes de meilleure qualité, ce qui a directement favorisé leur mémorisation.
Concernant le transfert, la rétroaction ET la motivation s’avèrent des facteurs cruciaux. L’expérience préalable reste un atout majeur, mais cette fois la rétroaction a eu un effet significatif : les groupes ayant reçu une rétroaction – qu’elle soit immédiate ou différée – ont obtenu des scores de transfert bien supérieurs à ceux du groupe n’ayant reçu aucune rétroaction. Fait intéressant : l’étude ne trouve aucune différence significative entre recevoir une rétroaction immédiate ou différée. La réussite aux tâches de transfert était prédite par trois éléments : la qualité de la carte conceptuelle, le fait de recevoir une rétroaction, et l’orientation vers des buts intrinsèques (l’envie de maîtriser le sujet pour apprendre et comprendre).
Ces résultats nous invitent à affiner nos stratégies pédagogiques en distinguant leurs objectifs (viser la rétention ou le transfert) :
Ne pas supposer que la méthode est acquise. L’impact majeur de l’expérience préalable et de la qualité de la carte conceptuelle suggère qu’il ne suffit pas d’assigner des cartes. Il est crucial de former explicitement les personnes apprenantes à la construction de cartes bien structurées pour maximiser la rétention.
Utiliser la rétroaction pour encourager le transfert. Si l’objectif est que les personnes apprenantes aillent au-delà de la mémorisation et soient capables d’appliquer leurs savoirs, la rétroaction est indispensable. L’étude suggère que le moment (immédiat ou différé) est peut-être moins critique que la présence même d’une rétroaction explicative.
Cultiver le désir de maîtrise. Le transfert, plus exigeant sur le plan cognitif, dépend fortement de la motivation des personnes apprenantes. Plus précisément, il est lié à une orientation vers la maîtrise (un but intrinsèque). Les stratégies pédagogiques devraient donc valoriser la compréhension profonde plutôt que la simple performance aux tests.
Cette recherche démontre que la rétention et le transfert ne répondent pas aux mêmes mécanismes cognitifs et motivationnels. Une conception pédagogique efficace ne doit pas seulement se concentrer sur les outils (la carte conceptuelle) ou le soutien (la rétroaction), mais aussi prendre en compte les compétences des personnes apprenantes (leur expérience) et leurs dispositions motivationnelles (leurs objectifs) pour favoriser un apprentissage à la fois durable et flexible.
Référence bibliographique :
Sunday, O.J., Adesope, O.O., Shenghai, D., & Carbonneau, K. (2025). The effects of concept mapping experience, feedback timing, and motivation on students’ learning outcomes. Learning and Motivation, 92, 102201. DOI: 10.1016/j.lmot.2025.102201
Between stimulus and response, man has the freedom to choose.
– Stephen R. Covey, extrait de l’ouvrage “The 7 Habits of Highly Effective People”
🏆 Harry Potter et la Coupe de Feu (édition illustrée interactive) • Dommage que le studio Minalima n’ait pas poursuivi sur sa lancée des trois premiers. Ceci étant dit, les illustrations et les éléments interactifs sont magnifiques, et ça reste un superbe “objet” livre pour (re)découvrir ce quatrième opus.
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