Bonjour à tous et à toutes,
J’espère que vous vous portez pour le mieux. En ce qui me concerne, je poursuis mes efforts de reconstruction. Et entre mes activités professionnelles et le projet d’adoption que mon épouse et moi menons tambour battant, je n’ai pas beaucoup de place au répit.
Une réflexion me titille particulièrement depuis plusieurs semaines : la question de mon identité professionnelle. Je ne compte plus le nombre de personnes qui, dans mon entourage à l’UCLouvain, découvrent que je fais de la médiation scientifique en psychologie. Ou, au contraire, des personnes qui croient que je travaille comme indépendant et que je vis de mon activité de création de contenus. Et, la plupart du temps, quand on me demande ce que je fais dans la vie, je me retrouve parfois coincé :
Oui, je suis psychologue. Non, je n’exerce pas d’activité clinique. Oui, je suis passionné par plein de thématiques liées à la psycho, et donc je fais de la vulgarisation sur le web. Non, je n’en vis pas, je travaille à temps plein comme conseiller pédagogique. Oui, parce que à côté de ça je suis aussi passionné par tout ce qui touche à la pédagogie et aux processus d’apprentissage…
Bref, bienvenue dans l’enfer de mon personal branding. La réflexion ne date pas d’hier. Et je n’ai pas encore trouvé de réponse valable. Donc, à l’heure actuelle, quand on me demande ce que je fais, je réponds que je suis psychologue, conseiller pédagogique ET médiateur scientifique en psychologie. Le dénominateur commun entre tout ça ? Apprendre. Le fait d’aimer continuer à titiller ma curiosité (et celle des autres) et de rester dans une démarche d’apprentissage continu. Le fil conducteur n’est pas loin. Je l’ai sur le bout de la langue. Il est là quelque part, caché, attendant d’un air moqueur le moment où je vais enfin pouvoir le révéler.
Si vous avez des idées, je suis preneur. Et sur ces considérations métaphysiques, je vais arrêter de vous soûler et vous laisser profiter du contenu de cette newsletter.
Excellente lecture, belle semaine à vous et j’espère à bientôt.
David.
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Comment mieux apprendre et faire apprendre ? Si vous travaillez dans le secteur de l’enseignement ou de la formation, cette question vous aura inévitablement taraudé un jour ou l’autre. Après des dizaines d’années de recherches, un indicateur semble pouvoir prédire un meilleur apprentissage : le niveau d’activation pédagogique. En résumé : plus vous vous engagez activement dans vos apprentissages – d’un point de vue cognitif et affectif –, plus vous aurez tendance à développer vos connaissances et compétences de manière efficace.
Dans l’enseignement et la formation, de nombreux dispositifs pédagogiques poussent ainsi les apprenantes et les apprenants à devenir “actifs” (notamment via des exercices et travaux de groupes, des productions individuelles et collectives, etc.). En comparaison à des dispositifs plus “passifs” (cours magistral, exposé, etc.), les dispositifs actifs portent effectivement leurs fruits en grande majorité.
Mais, si ces dispositifs s’avèrent si efficaces, pourquoi alors ne sont-ils pas davantage généralisés (notamment à l’université) ? On pourrait invoquer le manque de moyens et de ressources humaines, certes. Ou encore le manque de diffusion de telles pratiques. Mais il existe une autre raison : les perceptions biaisées de la communauté étudiante vis-à-vis des méthodes pédagogiques actives et leurs fausses croyances concernant leurs apprentissages.
Dans le cadre de cette étude, l’équipe de recherche a comparé les perceptions d’apprentissage à l’apprentissage réel d’étudiantes et d’étudiants en physique. Ils ont divisé les sujets en deux groupes :
Le premier groupe a bénéficié d’un enseignement utilisant des méthodes favorisant un fort niveau d’activation pédagogique (apprentissage “actif”) ;
Le second groupe a bénéficié d’un enseignement utilisant des méthodes plus traditionnelles et transmissives (apprentissage “passif”).
Dans les deux groupes, les supports pédagogiques étaient identiques, de même que les contenus enseignés. Aucun membre de l’équipe enseignante n’a tenté de convaincre les sujets des bénéfices potentiels de l’une ou l’autre méthode. Qu’observe-t-on au bout du compte ?
Les sujets en condition d’apprentissage actif apprennent plus et mieux, mais leurs perceptions d’apprentissage sont plus faibles que celles des autres ;
Les sujets en condition d’apprentissage passif évaluent mieux la qualité de leur méthode d’enseignement.
Faut-il interpréter ces résultats comme une preuve de laxisme ou de fainéantise de la part des étudiantes et des étudiants ? Pas si vite ! Il semble effectivement que les membres de la communauté étudiante (surtout celles et ceux qui débutent leurs études) préfèrent les méthodes d’enseignement plus traditionnelles… mais pas pour les raisons que vous imaginez. Trois facteurs au moins peuvent expliquer ces observations :
Un manque de fluidité cognitive. Les étudiantes et étudiants qui débutent leurs études manquent d’expérience pour attester de l’efficacité réelle de certaines méthodes. Ils et elles développent de fausses croyances par méconnaissance des stratégies d’enseignement et d’apprentissage qui ont fait leurs preuves (d’un point de vue scientifique).
Un faible niveau de métacognition. Toujours en raison de leur manque d’expérience, ils et elles n’ont pas encore développé de compétences métacognitives suffisantes pour s’auto-évaluer correctement. Ils et elles croient mieux apprendre dans certains contextes, mais par manque de conscience de soi et d’autorégulation, les capacités de jugement critique leur font encore défaut.
Une forte charge cognitive initiale. Apprendre requiert des efforts. À ce jour et ma connaissance, il est impossible de développer de solides compétences sans y mettre du sien. Parfois beaucoup, parfois moins, selon les matières. Et cela engendre une charge cognitive non négligeable : on ne comprend pas toujours tout, tout de suite, dès le début. Apprendre nécessite de se replonger dans la matière, de mettre les mains dans le cambouis… ça ne se fait pas en une fois. Ni en assistant passivement au cours, ni en visionnant passivement une vidéo. Effectivement ce n’est pas agréable – et on comprend que les étudiantes et les étudiants trouvent cela lourd et frustrant –, mais si l’apprentissage est difficile, il s’agit au contraire d’un signal positif.
En ces temps où les outils d’intelligence artificielle connaissent un progrès fulgurant et où les réseaux sociaux nous encouragent à consommer le plus de contenus possible à moindre coût, il semble séduisant de croire qu’on puisse apprendre facilement, simplement, en un coup de vidéo et de quiz gamifié sur un smartphone… mais la réalité est loin d’être aussi simple. Apprendre nécessite de faire des efforts. Ce n’est pas toujours agréable ou confortable, mais c’est le signal qu’on progresse vraiment vers le développement de nouvelles compétences.
Que peut-on faire, dès lors, pour soutenir nos apprenantes et nos apprenants, que ce soit en contexte de formation professionnelle ou d’enseignement supérieur ? Sans prétendre détenir le Saint-Graal, voici quelques pistes à explorer :
Présenter et expliquer les bénéfices de méthodes d’enseignement actives, et pourquoi on les utilise dans nos dispositifs pédagogiques ;
Favoriser le développement des compétences métacognitives et aider les membres de la communauté apprenante à développer une meilleure conscience d’eux-mêmes et d’elles-mêmes ;
Encourager et valoriser l’effort, en acceptant qu’il fasse partie du processus d’apprentissage et du développement des nouvelles compétences visées.
Référence bibliographique :
Deslauriers, L., McCarty, L.S., Miller, K., Callaghan, K., & Kestin, G. (2019). Measuring actual learning versus feeling of learning in response to being actively engaged in the classroom. PNAS, 116(39), 19251-19257.
🎬 Vidéo • Je teste une méthode d’intelligence collective sur 100 personnes
Deux têtes valent mieux qu’une. C’est en tout cas ce que dit le proverbe. Mais dans quelle mesure peut-on l’extrapoler ? L’intelligence collective est-elle réelle ? Le jugement d’une foule est-il fiable ? Comment peut-on influencer une opinion collective ? Mehdi Moussaid, auteur de la chaine Fouloscopie, nous livre une expérience grandeur nature qui vous plongera dans les mécanismes de l’intelligence collective, ses biais et ses facteurs d’influence. Vous comprendrez entre autre pourquoi il est nécessaire de bannir définitivement les tours de table “classiques” lors de vos présentations de groupe en réunion ou en formation.
📝 Article • Vectors of Action: The Power of Velocity over Speed
La société dans laquelle nous vivons encourage la performance… parfois (souvent ?) à outrance. Mais pour réellement progresser, l’important n’est pas toujours la performance en tant que telle. Dans cet article, Anne-Laure Le Cunff propose de s’approprier un nouveau modèle mental : celui des vecteurs d’action. La question qu’elle nous pose, en somme, c’est de savoir vers où nous souhaitons aller et d’ajuster notre trajectoire, plutôt que de sans cesse vouloir toujours aller plus vite.
🧑💻 Outil • Undesign
Besoin de créer un support de cours ? Une brochure pour votre prochain événement ? Pas toujours facile de savoir où trouver une image, une collection d’icônes ou de créer une palette de couleurs, surtout si vous n’êtes pas designer de métier. Le site web Undesign vient à votre rescousse pour vous proposer un ensemble d’outils de design gratuits. À consommer toutefois avec modération, tant il y en a… on pourrait finir par s’y perdre !
The act of highlighting seems to make students feel like they are learning the information but little effortful encoding or learning usually occurs. Rather, the act of highlighting can mislead students by providing a feeling of familiarity which can lead to overconfidence in their ability to recall the highlighted material.
– Olivia Croley, Dillon Murphy, extrait de l’article “Thinking About Thinking: How Metacognition Can Help Your Grades”
🎬 Alexandre devient Grand • Dans la même veine que la bataille de Sekigahara dont je vous parlais dans l’édition précédente, un autre épisode de la série Points de repères sur ARTE, cette fois-ci consacrée à Alexandre le Grand. Un bon rafraichissement historique.
🎵 Gymnopédies & Rare Works • Une plongée intimiste dans l’univers du compositeur Eric Satie, en compagnie du pianiste Alessandro Simonetto. Au-delà des Gymnopédies, comptant parmi ses œuvres les plus connues, j’ai eu l’occasion de faire de belles découvertes.
🎬 Notre univers • Quel est le lien entre un ours et les saisons terrestres ? Entre un cheetah et le soleil ? Entre un chimpanzé et l’espace-temps ? Cette série documentaire prend le pari de connecter des éléments de notre réalité sur Terre avec le fonctionnement et la naissance de notre univers. Personnellement j’adore !
Apprendre -> titiller ma curiosité -> rester dans une démarche d’apprentissage continu -> ... s'amuser! Que ce soit dans ton travail, David, ce que tu entreprends, t'amuses, ni plus, ni surtout moins! Et n'est-ce pas là le principal, prendre du plaisir dans sa vie?! Belle journée!