Même les meilleures intentions peuvent se retourner contre nous
Même les meilleures intentions peuvent se retourner contre nous
Évidences #8
Bonjour à tous et à toutes,
Comme je vous en faisais part dans l’édition précédente, cela fait plusieurs années que je ne fais plus de bilan annuel ni de plan d’attaque pour l’année qui vient. Cela ne m’empêche évidemment pas de réfléchir à ce qui s’est passé et ce dont j’ai envie pour l’avenir, mais je ne le formalise plus de manière poussée ou exhaustive. En fait, depuis 2018, j’adopte une approche plus simple et qui, jusqu’à présent, tend à mieux me correspondre, même si elle n’est pas parfaite : en fonction de mon ressenti de l’année écoulée, je choisis un mot-clé (ou une très courte affirmation) qui me servira de fil conducteur pour les mois à venir. Pour 2023, j’ai choisi le mot “Reconstruction”. Depuis le 1er janvier, je me lève ainsi chaque matin en me disant “Reconstruis et explore”. Je verrai d’ici quelques semaines, voire quelques mois, où tout cela me mènera. Je vous ferai part évidemment de mes réflexions et des leçons que j’en tire.
Avant que vous ne me posiez la question : je n’ai aucune idée de la validité scientifique de cette approche (ni même si elle a fait l’objet de recherches). Tout ce que je sais, c’est qu’elle me correspond pour l’instant… et qu’en tout cas elle ne me fait pas de mal. Si vous aussi vous souffrez avec les bilans annuels et les perspectives pour l’année à venir, arrêtez de vous flageller et choisissez une approche qui fonctionne pour vous, en fonction de votre contexte, de votre situation et de votre environnement. Et le jour où vous aurez envie de changer, ainsi soit-il !
Mis à part cela, je tiens à vous faire part de la sortie prochaine de deux projets de cours en ligne (au format MOOC) sur lesquels j’ai eu l’occasion de collaborer à l’UCLouvain depuis plusieurs mois :
Psychology of Conflict Management : un certificat professionnel en anglais composé de trois cours à suivre à votre rythme, et dont Stéphanie Demoulin – professeure en psychologie sociale – en a assuré d’une main de maitre la réalisation. À ce jour, son premier MOOC “Psychologie de la négociation” figure parmi les plus populaires de notre catalogue et a terminé finaliste du edX Prize 2019. Gageons que ces trois nouveaux cours auront au moins autant de succès. Démarrage du premier des trois cours (”Introduction to Conflict Management”) le mardi 17 janvier prochain. Si le certificat ne vous intéresse pas, chaque cours peut être suivi indépendamment des autres.
Introduction aux enjeux du développement durable : un cours construit sur base d’une approche scientifique et universitaire, et adoptant une vision résolument interdisciplinaire avec la participation de plus de 30 intervenants et intervenantes. Démarrage le lundi 6 février prochain.
Ces quatre cours en ligne sont disponibles sur la plateforme edX. Une trajectoire gratuite reste disponible si vous souhaitez vous faire une idée (et éventuellement mettre à niveau pour débloquer un certificat et l’ensemble des activités).
Sur ce, je vous souhaite une excellente lecture et je me permets également de vous adresser mes meilleurs vœux pour cette année qui démarre 🥳
David.
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Comment encourager des comportements socialement désirables ? Il s’agit d’une question à laquelle tentent de répondre plusieurs dispositifs psychologiques. Parmi ceux-ci, on retrouve les nudges. Ou, dit autrement, des interventions comportementales. Ces interventions visent à susciter une prise de conscience et un changement de comportements auprès des individus. Et on les retrouve dans une large variété de secteurs : soins de santé, sensibilisation au développement durable et aux enjeux climatiques, sécurité routière, etc.
Mais, malgré la bonne volonté qui se cache derrière, ces interventions font-elles toujours preuve d’efficacité ? Et, question subsidiaire, peuvent-elles provoquer des comportements ou des résultats inverses à ceux escomptés ? C’est ce qu’il semble ressortir de cette étude menée après une campagne de sécurité routière au Texas.
Cette campagne visait à sensibiliser les automobilistes aux risques d’accidents mortels sur certaines routes : un panneau affichait le nombre de morts sur la route en question, espérant ainsi capturer l’attention des automobilistes et, ce faisant, provoquer une prise de conscience en espérant que cela permettrait de limiter le nombre d’accidents. Apparemment, ce ne fut pas le cas : suite à la campagne, le nombre d’accidents a, au contraire, augmenté de 4,5% sur les dix kilomètres suivant l’affichage du message.
Que peut-il bien se passer pour provoquer un tel effet ? En fait, il semblerait que ce type d’intervention constitue un facteur de distraction trop important : cela engendrerait une charge cognitive trop complexe à gérer en situation de conduite. Le processus provoquerait ainsi une interférence trop importante avec les capacités de l’automobiliste à pouvoir s’adapter aux conditions de la route et du trafic.
Quelles leçons peut-on en tirer pour concevoir des interventions comportementales efficaces ?
Prêter attention au message, sa communication et le timing. La formulation (positive ou négative), le canal de communication (panneau, message audio, vidéo…) et le moment où le message est diffusé constituent autant de facteurs influençant la manière par laquelle il sera perçu et traité. En l’occurrence, présenter le nombre de mort sur une route peut s’avérer une intervention efficace, à condition de ne pas l’afficher sur une route trop dangereuse en plein milieu de la nuit.
Mesurer les effets de l’intervention. Si on peut avoir les meilleures intentions du monde, c’est le résultat et l’impact qui auront le dernier mot. De bonnes intentions n’impliquent (malheureusement) pas toujours des résultats à la hauteur des espérances. D’où l’importance de mesurer ce que l’on fait et d’agir en conséquence.
Faire marche arrière. Tant qu’il est encore temps, cela va de soi. Et en acceptant de laisser tomber son ego. Si quelque chose ne fonctionne pas, rien ne sert de vouloir persévérer à tout prix ou de jouer la politique de l’autruche.
À l’heure où vous avez peut-être déjà entamé la mise en œuvre de vos résolutions pour 2023, comment transposer tout ceci à notre échelle d’individus ? Sans rentrer dans la complexité de ce type d’intervention, on peut en tout cas garder en tête le fait :
d’adapter nos objectifs à notre contexte et à notre environnement,
de mesurer leurs effets (au bout de quelques semaines ou de quelques mois),
et enfin d’évaluer si, oui ou non, il vous semble nécessaire ou souhaitable de les poursuivre.
🧑💻 Outil • Readwise Reader
Dans une édition précédente, je vous présentais l’application Readwise, bien utile pour centraliser les annotations sur le web et permettre de réactiver les passages surlignés. Je vous parlais également du petit frère de cette application : Readwise Reader. Encore en bêta privée le jour où je publiais cette édition, il entrait en bêta publique le surlendemain. Vous pouvez donc dès maintenant le tester (gratuitement pour l’instant).
Véritable application tout-en-un, l’outil vous permettra de sauvegarder des contenus pour pouvoir les parcourir plus tard. Il existe évidemment une fonction de surlignage intégrée (qui se synchronise avec le grand frère). Et la liste de contenus compatibles est assez impressionnante : du simple article de blog, en passant par des fichiers EPUB ou PDF, des newsletters, des fils RSS, des tweets… il existe même la possibilité de sauvegarder une vidéo YouTube, d’annoter et de surligner son fichier de sous-titre (pour autant que la vidéo en dispose à la base).
Bref, en ce qui me concerne, je suis ravi : si elle demande un petit temps de prise en main, l’application est fluide et dispose d’une ergonomie bien pensée. Du coup, j’ai même pu résilier mon abonnement Feedly et Instapaper (sorry guys!). Si vous consommez énormément de contenus chaque semaine, je vous invite chaleureusement à la tester.
📝 Article • The Top 10 Insights from the “Science of a Meaningful Life” in 2022
Comme chaque année, le Greater Good Science Center de l’UC Berkeley propose son bilan des recherches réalisées dans le champ de la psychologie positive. Parmi les résultats marquants de 2022, on retrouve notamment le fait que :
l’appréciation du quotidien peut contribuer à trouver du sens à la vie,
il n’est pas si rare d’éprouver de forts niveaux de bien-être même directement après avoir souffert de problèmes de santé mentale,
nous sous-estimons le pouvoir de la gentillesse (mais ça le professeur Dumbledore nous le disait déjà il y a bien longtemps),
éprouver un sentiment d’émerveillement (”awe”) contribue à renforcer nos liens au niveau global,
l’anxiété sociale existe bel et bien chez les jeunes, mais l’action collective permettrait d’agir comme une sorte de bouclier de protection.
Humans are simple creatures: we keep doing things we enjoy and stop doing things we don’t enjoy. So, if you want to get more exercise, or study a new subject, or take up a new hobby — and stick to it — the trick is to find a way to make it fun. This can be finding other people to do it with, turning it into a game of some sort, with scores and penalties, or finding a way to integrate it with something you already love doing.
– Mark Manson, extrait de la newsletter “The Breakthrough” publiée le 02/01/2023.
📚 Les lendemains • Première lecture de 2023, ce roman de Mélissa Da Costa fut aussi pour moi un choix symbolique, laissé aux aléas du hasard, et en plein accord avec la thématique de l’année dont je vous parlais dans l’édito ci-dessus. Ce livre m’a ému aux larmes et m’a aidé à progresser dans certaines réflexions.
🎬 Paddington • Oui je sais, ce film ne date pas d’hier. Merci à mon épouse de me l’avoir fait découvrir durant la période des fêtes, lorsque mon moral était loin d’être au top. Et puis, chuuut vous ne lui direz pas, mais il est TROP mignon cet ourson (🤩). Blague à part, si vous ne connaissez pas encore, c’est un chouette moment à passer (surtout en famille).