Pour apprendre, n’ayez pas peur d’échouer (et de tirer les leçons de vos erreurs)
Évidences #17
Bonjour à tous et à toutes,
Il y a plusieurs mois, Google a réalisé une mise à jour significative de son algorithme de recherche. Désignée sous le nom “Core Web Vitals”, cette mise à jour visait à mieux évaluer l’expérience des sites web (notamment les temps de chargement et d’affichage des pages). Et là, j’ai commis deux erreurs : (1) je n’en ai pas tenu compte tout de suite, et (2) j’ai négligé les mises à jour techniques de mon site.
Résultat des courses en fin d’année 2021 : une chute vertigineuse de mon audience. La raison principale ? Un thème WordPress désuet et qui ne répondait plus aux normes de base en termes de vitesse de chargement et d’accessibilité. En soi, étant employé à temps plein, mes revenus ne dépendent pas de ma visibilité sur le web. Mais ce serait quand même hypocrite de prétendre que j’écris “juste” pour la valeur intrinsèque que m’apporte l’écriture. Durant l’été dernier, je me suis donc attelé à remettre de l’ordre dans tout ça. Et après une première version il y a quelques mois, j’ai enfin terminé le gros du chantier la semaine passée. Si vous ne l’avez pas encore vu, n’hésitez donc pas à aller faire un tour sur cette nouvelle mouture (et, si vous le souhaitez, à me faire un retour).
Les leçons que je tire de cette expérience ? Tout d’abord, cette erreur m’aura définitivement convaincu de suivre l’actualité des mises à jour de l’algorithme de Google (en tant que créateur de contenus je ne peux faire l’impasse d’avoir un minimum de compétences en la matière). Ensuite, je me rends compte que ce fut l’occasion pour moi de repartir de zéro et de développer de nouvelles compétences (je me suis notamment plongé dans le constructeur de thèmes Elementor qui m’a servi à concevoir la nouvelle architecture). Enfin, j’en ai profité pour adapter mes mentions légales et passer l’ensemble de mes publications en licence Creative Commons (CC BY 4.0). Je reviendrai prochainement sur les raisons qui m’ont poussé à choisir cette licence de diffusion. Comme quoi dans toute erreur se cache une opportunité de corriger, mais aussi d’améliorer !
Je vous souhaite donc de faire autant d’erreurs que possible… à condition d’en tirer des leçons !
Bonne lecture et à très bientôt,
David.
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Faire des erreurs n’est pas toujours une expérience agréable. Pourtant il s’agit d’un acte nécessaire à tout apprentissage. En contexte éducatif ou formatif, on part du principe qu’une erreur constitue un défi désirable : elle permet d’amener les personnes apprenantes à atteindre leurs objectifs d’apprentissage.
Apprendre de ses erreurs renvoie ainsi à la capacité de gérer celles-ci en mettant en place des stratégies visant à les corriger ou à réduire leurs effets négatifs : réfléchir à l’erreur réalisée, identifier sa source, réunir des informations sur ses effets et utiliser ces nouvelles connaissances pour ajuster le tir. On fait donc face à un processus qui implique une dynamique motivationnelle et qui nécessite des ressources cognitives.
Mais quels sont les facteurs qui vont influencer les personnes apprenantes à apprendre de leurs erreurs ? Une équipe de recherche de l’Université du Québec en Outaouais (UQO) s’est récemment penchée sur la question. D’après leurs résultats, il semble qu’un point de départ concerne l’orientation vers un but d’apprentissage, c’est-à-dire le niveau de compétences et d’expertise qu’on cherche à développer au cours d’une activité d’apprentissage. Plus une personne apprenante manifeste une orientation vers un but d’apprentissage, plus elle s’engage dans des comportements d’apprentissage positifs. En raison de son désir de développer ses connaissances et ses compétences, elle prend conscience du rôle inhérent de l’erreur dans le processus d’apprentissage. On peut faire ici un parallèle évident avec l’état d’esprit de développement.
Deux facteurs supplémentaires permettent de compléter et d’affiner leurs résultats :
La motivation à apprendre, c’est-à-dire le désir des personnes apprenantes de s’engager dans une activité d’apprentissage. Les individus manifestant une orientation vers un but d’apprentissage ont tendance à développer et à maintenir un fort niveau de motivation. À son tour, cette motivation influence positivement leurs apprentissages. Ces individus font également preuve de plus de résilience lorsqu’ils se retrouvent confrontés à des erreurs durant leurs apprentissages. Ils persistent davantage et attribuent à l’erreur une valeur informative, à partir de laquelle ils peuvent tirer des leçons pour l’avenir.
La métacognition, c’est-à-dire la capacité des personnes apprenantes à contrôler et à réguler leurs apprentissages. Les individus manifestant une orientation vers un but d’apprentissage emploient des stratégies métacognitives qui les aident à mieux saisir les bénéfices des erreurs auxquelles ils font face. Ils utilisent des stratégies de traitement de l’information plus complexes et arrivent à percevoir l’erreur comme une source de défi et de stimulation.
Sur base de cette recherche – et plus spécifiquement en contexte éducatif et formatif –, on peut tirer au moins trois pistes d’action et de réflexion :
Laisser de la place aux erreurs. L’erreur fait partie de tout apprentissage, depuis nos premiers pas jusqu’à l’obtention de notre permis de conduire. C’est sur base de ces erreurs que se développent progressivement nos connaissances et nos compétences.
Favoriser l’orientation vers un but d’apprentissage. Pour reprendre l’expression : “On ne saurait faire boire un âne s’il n’a pas soif.” (et sans vouloir comparer les personnes apprenantes à cette espèce animale). Avant d’embarquer dans une action d’apprentissage, assurez-vous d’en avoir envie et d’en avoir besoin.
Susciter la motivation à apprendre et l’emploi de stratégies métacognitives. C’est en adoptant une pratique réflexive et une vision positive de l’erreur – et à condition qu’un feedback soit prévu pour permettre d’en tirer des leçons – que nous développons notre sentiment d’efficacité personnelle.
À ce jour, le droit à l’erreur reste un sujet problématique au sein de notre société. En fonction de la nature et de l’importance de l’erreur, celle-ci a du mal à se faire accepter au sein des organisations. Il s’agit pourtant d’une condition sine qua non pour instaurer un climat de sécurité psychologique, et ainsi favoriser une démarche d’innovation et d’amélioration continue.
Référence bibliographique :
Lauzier, M., & Bilodeau Clarke, A. (2023). Linking learning goal orientation to learning from error: The mediating role of motivation to learn and metacognition. European Journal of Training and Development. DOI: 10.1108/ejtd-11-2022-0127
Learning from mistakes helps foster a culture of growth and collaboration that will help your organization thrive for years to come. Don’t be afraid to make mistakes; instead, embrace them as opportunities to help your employees and your organization reach its full potential.
– Ben Laker, extrait de l’article “Embrace Mistakes to Build a Learning Culture” publié le 05/01/2023.
📝 Article • Neurosciences, le nouvel eldorado des coachs en bullshit
Comme je vous le partageais dans l’éditorial de l’édition précédente, les neurosciences ont le vent en poupe pour le meilleur et pour le pire. Malheureusement, ici encore, nous tombons dans le pire ! Cet article invité du blog La Menace Théoriste (blog tenu par Thomas C. Durand de la chaine La Tronche en Biais) décortique les dessous et les travers d’un prétendu Institut des Neurosciences Appliquées situé à Levallois Perret (en France). Si on en croit l’auteur, nous faisons face ici à une école de coaching qui n’a de neuroscientifique que le nom. Et dont le CV du directeur rappelle curieusement un syndrome à la Idriss Aberkane. Plus que jamais, je vous invite à faire preuve de prudence, de scepticisme et de pensée critique quand vous voyez le préfixe “neuro” adossé à une approche ou à un organisme de formation orienté vers du développement personnel.
N.B. Merci de ne pas me faire dire ce que je ne dis pas : je n’associe en aucun cas TOUTES les écoles de coaching et TOUS les coachs à du charlatanisme.
🎬 Vidéo • Demain, l’école (1/2) : Du bon usage du cerveau
Avec tout ça, on pourrait croire que je suis anti-neurosciences. Il n’en est rien, la preuve avec cet excellent documentaire produit par la chaine ARTE que je partage avec vous et que je vous recommande si vous voulez vous initier sérieusement à l’utilisation des neurosciences en contexte d’apprentissage. Je n’ai regardé que la première partie – consacrée à la neuroéducation et à l’application des sciences cognitives dans l’enseignement – mais la seconde est d’ores et déjà dans ma liste de lecture. Parmi les intervenantes et intervenants, notons des pointures scientifiques comme Stanislas Dehaene et Olivier Houdé. Une très bonne mise en bouche, bien vulgarisée (mais sans sombrer dans le simplisme) pour explorer en moins d’une heure les avancées scientifiques à ce niveau ainsi que leurs retombées pratiques.
N.B. Même dans le cadre de ce documentaire, on pourrait nuancer l’utilisation du terme “neurosciences” employé par les journalistes. Au fil du temps, ceux-ci finissent d’ailleurs par utiliser le terme “sciences cognitives”, plus à propos selon moi.
📚 Livre • This is learning experience design
D’habitude je ne partage que des ressources ayant fait l’objet d’un coup de cœur. Ce n’est pas le cas ici. Mais ce n’est pas non plus un flop complet. Je partage cet ouvrage avec vous car sur le sujet spécifique du learning experience design, il n’existe pas grand chose à se mettre sous la dent. On a bien l’ouvrage “Learning Experience Design” de Donald Clark, mais il est très (trop ?) orienté vers les supports et ressources d’apprentissage. Il y a aussi l’ouvrage “Design pédagogique” dont je vous vantais les mérites dans cette édition (et que je continue à recommander) mais il reste centré sur la conception de dispositifs pédagogiques plus traditionnels et plutôt destiné, à ce stade, au monde de l’enseignement supérieur. Bref, en attendant le futur best-seller international que Nicolas Roland nous prépare et qui sortira aux éditions Eyrolles en 2024, pas grand chose de concret à se mettre sous la dent. L’ouvrage de Niels Floor offre un panorama intéressant, mais pas assez fouillé. Il permet de se faire une bonne idée générale de ce qu’implique une démarche de learning experience design en comparaison à de l’ingénierie pédagogique plus classique. Mais sans jamais rentrer suffisamment dans le détail ou dans le concret pour pouvoir vraiment en tirer quelque chose de pratique (sans parler de son canevas qui, à mon humble opinion, constitue une véritable usine à gaz). Une lecture pas franchement mauvaise, mais pas franchement bonne non plus… une lecture par défaut dirons-nous, faute de mieux ?
🎬 Dune, Partie II (bande-annonce) • Warner Bros a publié il y a quelques jours la première bande-annonce de la deuxième partie de Dune, toujours réalisé par Denis Villeneuve. Encore quelques mois d’attente, mais il me tarde de repartir pour un périple au cœur de la planète des sables.
📚 La mort immortelle • Liu Cixin conclut avec brio sa trilogie de science-fiction initiée avec “Le Problème à Trois Corps”. Une lecture intense et exigeante mais qui m’aura complètement retourné le cerveau bien comme il faut. Avis aux amateurs et aux amatrices de Hard SF qui ne l’auraient pas encore lu : foncez !
🎬 L’étrange réalité des mondes quantiques • Théo Drieu, de la chaine Balade Mentale, réussit le pari de vulgariser en moins de 20 minutes les principales découvertes de la physique quantique. Je n’ai pas tout compris, mais ça me donnera une bonne excuse pour approfondir le sujet.