Bonjour à tous et à toutes,
Comment réaliser une recherche documentaire et effectuer une veille informationnelle ? C’est la question qui nous a occupé un peu plus d’une heure, Nicolas et moi, dans le dernier épisode de notre podcast “Journal Club”. Si vous aussi vous vous êtes toujours demandé quels méthodes et outils utiliser pour rester à la page sur vos sujets de prédilection, je pense – en toute humilité – que vous y trouverez au moins des conseils utiles et des pistes concrètes pour démarrer ou perfectionner vos pratiques.
Dans le prochain épisode, nous aurons l’occasion de revenir sur une formation de deux jours que Nicolas a animé à l’IHECS. Intitulée “Transformez vos pratiques d’accompagnement pédagogique grâce au design thinking”, cette formation nous a permis de découvrir des méthodes et outils pour co-construire des projets d’innovation pédagogique. Si vous aussi vous vous intéressez aux pratiques issues du design pour améliorer vos expériences d’apprentissage, restez à l’écoute !
À côté de cela, la semaine dernière fut l’occasion pour moi d’intervenir dans le cadre d’un webinaire organisé par une business school française autour de la question “Comment adapter nos approches pédagogiques aux nouvelles générations étudiantes ?”. Une session riche en réflexions, en enseignements et en partages, que j’aurai certainement l’occasion de vous relater plus en détails au travers d’un article de fond sur mon blog.
Mais cela devra attendre quelques semaines et mon retour du Québec. C’est d’ailleurs depuis Montréal que j’aurai l’occasion de vous écrire dans le cadre de la prochaine édition de cette newsletter. Si vous êtes dans le coin et que vous souhaiter en profiter pour organiser une rencontre, n’hésitez pas !
D’ici là, je vous souhaite une bonne lecture et une excellente semaine.
David.
“Ce qui se mesure s’améliore.”
Cette célèbre maxime s'est profondément ancrée dans notre approche de la performance et de la productivité. Quel que soit le domaine où on l’applique (sport, santé, management, éducation, etc.), elle alimente une croyance largement partagée selon laquelle, pour progresser, nous devons nous fixer des indicateurs, les surveiller et les suivre de manière fréquente et régulière.
Et pourtant… s’agit-il réellement d’une pratique efficace ? Jusqu’à quel point le fait de mesurer nos progrès constitue-t-il un indice adéquat de nos performances ?
À travers une série de dix études menées dans des contextes variés (productivité professionnelle, suivi épidémiologique, croissance infantile, performance d'investissements, enjeux environnementaux), une équipe de recherche a récemment identifié un phénomène désigné par le terme "effet de la fréquence de suivi" ("Monitoring Frequency Effect").
Autrement dit : plus nous observons fréquemment un processus d'évolution, plus celui-ci nous paraît lent. Un peu comme l'eau qu'on observe chauffer et qui paraît mettre une éternité à atteindre son point d'ébullition.
Une des expériences les plus révélatrices de l’étude met en scène deux collègues produisant exactement la même quantité de travail sur une période donnée, mais observés différemment : l'un quotidiennement, l'autre tous les trois jours. Systématiquement, les évaluateurs et évaluatrices jugent le second plus productif que le premier, simplement parce que chaque observation révèle une accumulation plus importante de résultats.
Il semble ainsi que nous accordions davantage d'importance à la quantité observée ponctuellement qu'à l'intervalle temporel entre les observations. Ce biais persiste même face à des incitations financières à juger correctement, indépendamment du domaine évalué ou du format de présentation des données. La difficulté fondamentale réside dans notre tendance à négliger le temps écoulé entre deux mesures, privilégiant l'observation ponctuelle au détriment du contexte temporel global.
Si ce phénomène impacte de nombreuses facettes de notre quotidien au niveau personnel et professionnel, il nous intéresse directement dans un cadre de développement de compétences, que ce soit en contexte éducatif ou de formation professionnelle :
Au niveau de l’évaluation des apprentissages : une surveillance trop fréquente risque de créer l'illusion d'une progression lente, conduisant à des ajustements précipités, des critiques non justifiées ou une sous-estimation injuste des performances réelles des personnes apprenantes.
Au niveau de l’autorégulation des apprentissages : une auto-évaluation trop fréquente peut miner la motivation et générer doutes et frustrations, alors même que la progression suit son cours normal. Elle peut également alimenter une perception déformée où l'on sous-estime ses propres progrès tout en surestimant ceux des autres, dont on observe généralement les avancées de manière plus espacée et donc plus spectaculaires.
Face à ce biais, quelles recommandations pratiques peut-on proposer, tant pour les spécialistes de l'éducation et de la formation que pour les personnes apprenantes autonomes ?
Optimiser stratégiquement la fréquence de suivi. Espacer les points d'évaluation, particulièrement lors des phases d'apprentissage initial ou des projets de longue durée. Un rythme hebdomadaire ou bimensuel permet souvent d'observer des changements plus significatifs.
Contextualiser temporellement les observations. Toujours associer un résultat à sa période d'obtention pour faciliter une interprétation juste. Rappeler systématiquement "Ce résultat a été obtenu en deux semaines" plutôt que "Voici le score actuel".
Privilégier les tendances aux micro-variations. Favoriser des bilans espacés et des visualisations globales (courbes de progression mensuelles) plutôt que des micro-observations multiples qui risquent de masquer la progression d'ensemble.
Croiser les perspectives. Intégrer la perception subjective de la personne apprenante dans l'évaluation de sa progression. Ce qui est ressenti comme stagnation peut souvent être identifié comme un biais lié à une fréquence d'observation inadaptée.
Comme on peut le constater, notre volonté de bien faire – en suivant attentivement les progrès – peut parfois produire l'effet inverse de celui recherché. Une surveillance excessive peut paradoxalement nuire à notre capacité à apprécier justement les progrès réalisés, tant chez nous-mêmes que chez les autres.
Prendre conscience de ce biais permet d'élaborer des approches d'évaluation plus équilibrées et motivantes. Parfois, lever les yeux du tableau de bord et prendre du recul s'avère nécessaire pour mieux apprécier le chemin parcouru et maintenir la motivation nécessaire au développement des compétences.
Référence bibliographique :
Vaz, A., Mata, A., & Critcher, C.R. (2025). A watched pot seems slow to boil: Why frequent monitoring decreases perceptions of progress. Journal of Experimental Psychology: General, 154(4), 895-918. DOI: 10.1037/xge0001733
The line between unreasonable productivity optimization and reasonable self-improvement can be hazy and not always easy to define.
– Cal Newport, extrait de l’article “The Frustration with Productivity Culture”
🛠️ Outil • Des ressources et des outils de fact-checking
Développée par C’est vrai ça ? – initiative citoyenne indépendante luttant contre les fake news –, cette boite à outils comprend de nombreux sites web pour vous aider à distinguer le vrai du faux. De quoi vous aider, avec un peu d’entrainement et de méthode, à devenir vous-même capable de réaliser des opérations de fact-checking sans nécessairement entreprendre une formation complète en journalisme d’investigation.
📝 Article • Spring resolutions: why it’s the best time of year to make healthy changes
Vaut-il mieux privilégier le printemps plutôt que le début d’année pour initier des changements positifs et mettre en place de nouvelles habitudes de santé ? C’est ce que suggère cet article. Alors que les résolutions de janvier sont fréquemment délaissées, le printemps présente des conditions plus favorables au changement comportemental : jours qui s'allongent, davantage de luminosité, regain d'énergie, etc. Autant de facteurs qui semblent améliorer notre état psychologique général, stimuler notre motivation et créer un environnement facilitant l'intégration d'habitudes bénéfiques comme une nutrition équilibrée ou l'exercice physique régulier.
📝 Article • Five ways to reverse the effects of stress and to slow aging
Dans cet article, la chercheuse Emma Seppälä présente plusieurs méthodes pour combattre les effets néfastes du stress et ralentir le processus de vieillissement. Elle souligne comment le stress détériore les télomères – ces structures protectrices situées aux extrémités des chromosomes –, dont la diminution est liée au vieillissement des cellules. Elle préconise diverses pratiques, notamment la méditation de pleine conscience, le yoga, des techniques de respiration, une nutrition riche en antioxydants et un sommeil de qualité, permettant ainsi de diminuer l'inflammation chronique, de renforcer la gestion des émotions et d’améliorer notre santé dans son ensemble.
💓 L’île des battements de cœur • Un récit qui relate le pouvoir de l’amitié dans le processus de guérison, abordant avec sensibilité les thèmes du deuil et de la mémoire, tout en soulignant l'importance de s'ancrer dans l'instant présent. Pensez à sortir vos mouchoirs !
🦁 Mufasa : Le Roi Lion • Rien n’égalera à mon sens le dessin-animé de 1994. J’ai néanmoins beaucoup apprécié ce retour dans l’univers du Roi Lion. Un film d’animation magnifiquement réalisé et qui ravira petits et grands.
🪄 Les 4 Maisons : Pop-Up Store à Namur • Avis aux sorcières et sorciers parmi vous, l’enseigne “Les 4 Maisons” propose une boutique éphémère jusqu’au 30 juin prochain dans la ville de Namur. À vos balais… euh, je veux dire à vos agendas (et à vos portefeuilles 🤭) !